Marie Le Vern s’exprime sur le projet de parc éolien en mer
En avril dernier, nous donnions la parole à Sébastien Jumel, maire de Dieppe. Ce mois-ci, c’est au tour de Marie Le Vern, députée de Seine Maritime, de s’exprimer sur le projet.
Quel est votre positionnement vis-à-vis de la politique de transition énergétique de la France ? Comment le projet de parc éolien en mer s’inscrit-il selon vous dans cette transition énergétique ?
L’air que l’on respire, l’eau qui porte la vie, l’équilibre des éco-systèmes, des activités humaines qui épuisent la terre : autant de réalités qui se jouent des frontières, des Etats. Toute politique environnementale doit donc être globale… tout en restant ancrée localement. C’est le maître-mot du développement durable.
En ce sens, les avancées de la COP 21 portée par la France, les lois adoptées par le Parlement constituent des heureux exemples car ils réussissent à tracer le trait d’union entre les grands objectifs pour notre planète et les actions nationales, régionales, locales, pour y parvenir. Penser et agir pour la planète ne doit plus être considéré uniquement comme un luxe, mais comme un acte citoyen, et intervenir à son niveau, comme un devoir.
Mais la transition énergétique ce n’est pas uniquement une contrainte dont il faudrait s’accommoder. C’est aussi une formidable opportunité de stimulation de notre société au sens large : dans l’économie (combien de nouveaux métiers à inventer ? combien d’années d’activité pour réaliser ces chantiers ? Voilà une authentique politique de relance par l’investissement), dans la recherche, dans l’éducation, dans la politique (puisque le fait écologique est désormais un fait majeur à prendre en compte).
Le parc éolien en mer relève de cette intelligence globale : issu d’une impulsion nationale, et fondamentalement ancré et adapté à ce territoire.
Quels sont pour vous les atouts de la Normandie / de la Seine-Maritime pour accueillir un tel projet ?
Notre territoire est peut-être l’un de ceux qui illustrent le mieux la notion de mix énergétique : centrales nucléaires, thermiques, activité de raffinage d’une bonne part du pétrole français, demain plusieurs champs éoliens off-shore, et après-demain, pourquoi pas les énergies de la marée ? Il y a une grande complémentarité et une grande cohérence à l’implantation de ces sites énergétiques. Réaliser ce mix c’est une étape cruciale sur le chemin de la transition énergétique.
Notre région dispose par ailleurs de tous les atouts pour faire rimer la notion de mix avec celle d’excellence. Nous disposons de la ressource humaine qualifiée, des formations, des laboratoires de recherche pour travailler dans les domaines que j’évoque… Nous pouvons contribuer à cette excellence comme le font aujourd’hui de nombreuses entreprises de notre Région qui créent des emplois et recrutent dans nos lycées et nos centres de formation.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis du parc éolien en mer de Dieppe Le Tréport ?
Le parc éolien va conforter cette filière énergie et améliorer la compétitivité de nos entreprises. Nos PME qui sont les fournisseurs du nucléaire, de l’industrie du verre, de l’aéronautique, de l’automobile, de la mécanique, etc., vont trouver là de nouveaux marchés et donc créer des milliers d’emplois qui enrichiront notre territoire. Nos lycées et centres de formation s’en trouveront confortés.
Les ports de Dieppe et du Tréport se développeront en accueillant les activités de maintenance à terre et en mer. Ce sont là des emplois nouveaux et qualifiés, avec des marins, des techniciens habilités à travailler en hauteur, des emplois dans les ateliers… Nos installations portuaires pourront investir et demeureront compétitives.
Nos pêcheurs trouveront les conditions d’une évolution de leur profession sur des zones de pêche disposant d’une ressource halieutique abondante. Ils trouveront aussi des débouchés nouveaux et des installations portuaires de haut niveau.
Quel est selon vous le ressenti de la population locale vis-à-vis de ce projet ?
Les citoyens sont très favorables à ce projet… si ce n’est que ne s’expriment que ceux qui sont contre tout !
Les procédures, enquêtes et débats publics, ont permis transparence et information. Des doutes légitimes ont été soulevés, et des réponses à mon sens satisfaisantes apportées. D’autres arguments, moins fondés, continuent de circuler mais j’ai pu constater qu’en expliquant clairement et simplement la réalité de ce projet et ses perspectives, la plupart des réticences s’estompaient.
L’intérêt général et public veut ce projet. Les forces vives du territoire sont prêtes.
Lors de l’inauguration de l’exposition sur le projet au musée de l’Estran Cité de la Mer à Dieppe, vous avez rappelé l’importance de réaliser un effort de pédagogie autour du projet. Les dispositifs d’information du public mis en place par EMDT répondent-ils selon vous aux attentes des acteurs locaux ? Voyez-vous d’autres moyens de partage à mettre en place pour informer les publics ?
La présentation de ce projet est pertinente. A nos yeux elle doit être confortée en l’intégrant dans un enjeu global (environnemental, économique…) au niveau européen et mondial, avec quelques données sur l’avenir de l’Humanité si nous continuons à attendre que « d’autres fassent ».
Elle doit aussi être plus précise au plan local en illustrant les besoins en emplois, formations et des exemples de débouchés par la diversification (pêche, tourisme…). Un « kit » pédagogique pourrait être proposé pour les collégiens et lycéens en liaison avec les enseignants.
Comment peut-on résumer votre position sur le projet ?
Ce qui est bon pour l’avenir de l’Humanité est bon pour mon territoire ! Au nom de quoi peut-on s’opposer à un projet aussi noble ?
En responsabilité, il s’agit par ce parc éolien d’apporter notre pierre à la protection de la vie en créant des emplois et en offrant un avenir à ce territoire que je porte.
J’y mets ma volonté, mon engagement, ma conviction que ce projet est utile pour l’avenir.