Accueil » Maurice Benoish, un médiateur pour la pêche

La candidature de Maurice Benoish, acteur historique de la pêche professionnelle au niveau national mais aussi européen, a été proposée par les services de l’Etat et validée par les parties pour mener la médiation entre Eoliennes en Mer Dieppe Le Tréport (EMDT) et les organismes de représentation de la pêche professionnelle en Normandie et dans les Hauts-de-France, afin de relancer les discussions. Il a accepté de nous partager la vision qu’il a de son rôle.

 

 

Est-ce la première fois que vous êtes amené à occuper un poste de médiateur ?

A la fois oui et non. Si effectivement, je n’ai jamais mené ce type de médiation officielle, j’ai été, en tant que Président de la Coopération Maritime française, amené à réaliser des médiations en cas de conflits entre des pêcheurs et leur coopérative maritime. Sous un format différent, il s’agissait d’animer des groupes de résolution des conflits.

 

Pourquoi l’Etat a-t-il organisé une médiation entre EMDT (Eoliennes en Mer Dieppe Le Tréport) et les acteurs de la pêche professionnelle ?

Il existe une différence de langage entre le monde de l’administration et le monde de la pêche. Les spécificités de la pêche, le fait de vivre sur son bateau, d’être le seul maître à bord concernant les décisions à prendre entraîne un éloignement avec les autres structures sur la manière d’envisager les choses. Il y a un besoin de décodage entre les pêcheurs et les autres acteurs institutionnels. Il y a un besoin d’expliquer les choses dans un langage commun pour que les deux parties se comprennent. Par exemple lorsqu’un pêcheur lit un document de la Commission européenne sur les quotas de pêche il est compliqué pour lui de mettre une réalité sur des termes techniques, qui peuvent être déconnectés de la pratique de son métier. Il y a donc une réelle nécessité de traduction entre EMDT et les représentants de la pêche. Il a également pu y avoir des maladresses des deux parties depuis le lancement du projet, mais il n’y a pas de refus de dialogue. Il faut que ces deux mondes là se parlent dans un langage commun et c’est mon rôle de les faire se comprendre.

 

Dans quel contexte avez-vous débuté votre mission ?

Dans un contexte où les deux parties ne se comprenaient plus. Il y a un refus du parc éolien en mer sur cette zone pour les représentants de la pêche mais il n’y a pas un refus de dialoguer ou de penser leur activité différemment. Les pêcheurs ont une façon de travailler, de vivre qu’il faut respecter. Il convient donc de relancer le dialogue en respectant cette façon de vivre, la mer est leur outil de travail. J’en suis persuadé, un accord est possible, y compris après des années de relation difficile. Ce qui est encourageant c’est que la médiation proposée a été acceptée par les deux parties, sur la base du profil du médiateur. Le fait de choisir un ancien pêcheur comme médiateur a largement facilité le lancement de cette médiation puisqu’elle est légitime pour les pêcheurs. Un profil de médiateur différent, plus administratif, aurait été beaucoup moins bien accepté.

 

Comment se déroulent les différentes étapes de la médiation ?

Une fois que les trois parties (les comités régionaux de pêche de Normandie et des Hauts-de-France d’un côté et EDMT de l’autre) se sont mises d’accord sur le profil du médiateur, des discussions bilatérales avec chaque acteur ont été organisées pour comprendre les positionnements de chacun. Ensuite, les trois participants se sont assis autour de la même table pour lancer la préparation d’une convention qui encadrera les relations entre parties pour la suite. Les rencontres individuelles sont importantes tout au long de la médiation, elles permettent à chacun de s’exprimer librement. Chacun défend sa position sans agressivité et le rôle du médiateur c’est d’établir les bases du dialogue. La seule solution possible à l’issue de la médiation, c’est la réponse collective.